Conflans en Jarnisy 1870 – 1940

Description

Nous allons suivre pendant trois quarts de siècle la vie changeante et bousculée dʼun chef-lieu de canton, placé au cœur dʼenjeux géopolitiques fracturant le territoire, de bouleversements industriels inattendus et fulgurants qui renversent la carte des circulations dans un secteur disputé militairement et économiquement. Un nouvel espace fait de ruptures et dʼouvertures, à proximité dʼune frontière aux lourds enjeux, où arrivent par milliers de nouveaux travailleurs de divers horizons. Dans cette atmosphère chaotique de mue continuelle, la vie politique localement va sʼarrimer à la République naissante. Pas seulement celle des grands principes fondateurs de 1793, ni celle des premières tentatives de mise en pratique de ces principes en 1848, mais celle qui, difficilement, va sʼimposer entre 1870 et 1940.

Cʼest donc sur le terrain de la mise en œuvre des idées de Liberté, d’Egalité et de Fraternité que nous rencontrerons plusieurs figures républicaines, pour la plupart oubliées.

Républicains démocrates Les notables sʼinscrivent dans ce temps particulier de lʼinstallation de la III° République où il faut mettre en œuvre la participation populaire à la vie publique, droit de vote, suffrage universel, et engagement, une période qui sʼachève ici avec la députation de Georges Grandjean…

Républicains laïcs Avant la guerre, non seulement sur place mais dans les réseaux comme la Ligue de l’enseignement ou la Ligue des Droits de lʼHomme, les élus vont affirmer leur indépendance, vis-à-vis de lʼemprise conservatrice et religieuse et se battre résolument pour l’école publique dans la reconquête des bâtiments municipaux dans un premier temps puis la construction du groupe scolaire qui se dresse encore comme un étendard laïc.

Républicains de progrès ou la République au service du bien commun, des services publics, Postes, Perception, Justice de Paix. Au rythme des comices, ils apportent leur soutien à lʼagriculture moderne et à toutes les œuvres dʼhygiène publique, de santé, dʼécole au plein air, dʼadduction dʼeau courante, dʼélectrification et dʼassainissement.

Républicains sociaux on les voit dès avant la Grande Guerre et encore dans les années qui suivent, appliquer l’ensemble des dispositifs légaux de protection sociale mais n’hésitant pas à ajouter régulièrement un soutien municipal aux plus nécessiteux, aux malades et aux indigents. Ils mènent ensuite, dans les années difficiles de la Grande Crise, une politique de construction dʼédifices publics destinée à répondre à la crise du chômage. Elle s’inscrit dans la philosophie républicaine de l’instruction, de l’entraide et du partage.

Enfin Républicains patriotes et pacifistes, la majorité des élus se réclament avant 14 du radicalisme ou de la gauche républicaine. Pourtant, ils ne sʼalignent pas sur les positions de Jean-Jaurès de guerre à la guerre dans un pacifisme militant, mais bien au contraire, ils vont rallier l’union nationale sinon l’union sacrée. Après coup, suivant Paul Bert et Aristide Briand ils témoignent de la volonté de rester fidèles aux engagements de la IIIe République pacifiste, qui , on le sait, vont conduire certains à l’aveuglement au moment des accords de Munich, quand dʼautres choisiront le combat pour les libertés.